René Char écrivait dans La Parole en Mémoire : « un poète doit laisser des traces non des preuves, seules les traces font rêver » c’est dans la recherche de ce rêve que s’inscrivent les Traces de Michaël Sorne comme des lambeaux d’affiches et des inscriptions discernables à la surface des murs..
La peinture que l’on voit recouvre en fait une surface déjà peinte, viennent s’y inscrire des fragments d’écriture des morceaux d’objets ou de plantes, des dessins, des figures géométriques rien n’y est explicite suivant en cela Derrida : la trace est itinérante, elle produit sa route avec retard et se fraye un chemin qu’elle ne reconstitue qu’après coup .
Sorne entretient avec cette série un rapport particulier avec la disparition, celle du signe métaphorisant ainsi la sienne propre. C’est la raison pour laquelle rien de ce qui est écrit sur la surface du tableau ne peut se lire ou presque ; c’est dans l’indécision qu’ouvre ce" presque" que le tableau prend sa consistance, « l’angoisse de la disparition irrémédiable, de l’effacement de soi » dont parle encore Derrida, se sublime en oeuvre fragile, ne tenant qu’à un trait un nuage de peinture cependant présente.